Histoire
Aridma Griffin n’avait pas réalisé que sa famille n’était pas comme les autres. Il avait sa maman, son papa, son grand frère et sa famille grandissait chaque année. Son père était de plus en plus absent, mais il disait à Aridma que c’était parce qu’il travaillait beaucoup plus. Sa mère ne semblait pas être contente, mais Aridma ne s’en préoccupait pas. Il était jeune et ses priorités étaient simples : manger et jouer avec ses frères et sœurs.
Plus il grandissait, plus c’était sa mère qui s’occupait de lui. Elle l’envoyait à l’école avec ses frères et sœurs, ou pas. Cela dépendait de si la route était sécuritaire, apparemment. Leur maman était très protectrice, allant jusqu’à aller les sortir de l’école si elle croyait que ce n’était plus sécuritaire pour la journée. Aridma pensait que sa maman faisait simplement la bonne chose à faire.
Il changea beaucoup d’école lorsqu’il était jeune, parfois il avait même quatre écoles en une année scolaire. Avoir des amis était très difficile pour les enfants Griffin. Ils se faisaient des enfants pour les quelques mois, ou semaines, où ils étaient dans l’école, puis il changeait d’école et plus personne ne les contactait. Ils étaient très jeunes et ça leur brisait le cœur. Ils voulurent donc se protéger.
Andrean, le plus vieux, et Lucius, le petit frère d’Aridma, devinrent très fâchés et préféraient rejeter les tentatives d’inclusion que les enfants de leur nouvelle classe leur donnaient. Au contraire, Isabella, l’une des petites sœurs, devint désespérée pour des amis et devint une pushover, la petite fille de service qui faisait tout ce qu’on lui demandait.
Aridma, pour sa part, décida qu’il ne prendrait pas l’attitude des gens autour de lui à cœur. Il garda son sourire et sa joie de vivre, peu importe où il était. Il faisait des blagues, il était charmant et il avait de l’énergie. Les enfants l’adoraient et les professeurs le trouvaient adorable. Au final, tout était artificiel et temporaire, mais il se trouvait plus heureux ainsi que lorsqu’il était seul.
Finalement, Flora, la plus jeune, commença à devenir instable. Elle accusait tous ceux autour d’eux de lui vouloir du mal et ne faisait confiance à personne même pas à ses professeurs. Elle pleurait à leur mère qu’elle ne voulait pas sortir et se cachait derrière ses grands frères et sa sœur.
C’est grâce à elle qu’Aridma et Andrean commencèrent à réaliser que quelque chose n’allait pas avec leur mère. Flora n’avait pas toujours été anxieuse et effrayée par le monde. À force d’écouter leur mère s’inquiéter et les surprotéger, Flora changea.
Les peurs et les craintes de Flora étaient non fondées et venaient de son imagination.
Les peurs et les craintes de leur mère étaient toutes aussi non fondées et provenaient de sa tête.
Aridma avait 10 ans et Andrean en avait douze lorsqu’ils ont commencé à protester les peurs de leur mère. « Maman, je veux aller à l’école, ma professeure est gentille. » « Non, maman, mes amis ne sont pas méchants je veux aller à l’école. » « Il n’y a personne qui nous veut du mal dehors, maman. Laisse-moi aller jouer dehors. »
Ce fut une erreur.
Leur mère explosa. Elle les agrippa au point de laisser des bleus sur leurs bras ou jusqu’à ce qu’elle leur arrachât des mèches de cheveux complètes. Elle leur cria dessus, elle les secoua, elle les insulta, elle fondit en larmes. Ce fut très traumatisant pour Aridma. Et ce fut le moment où il commença à être terrorisé par sa mère.
Les enfants s’y étaient pris bien trop tard, leur mère était rendue bien trop paranoïaque, elle ne pouvait plus être sauvée.
Et Aridma commença à voir et comprendre plus de choses chez sa mère. Chaque fois que son père revenait à la maison, elle lui criait après. Elle l’accusait d’être infidèle et de la tromper, de la détester, de ne pas aimer ses enfants, d’envoyer des assassins pour les éliminer, d’être la raison que la maison avait presque brûlé la semaine dernière (même s’il n’avait pas été dans la maison depuis un mois et que c’était elle qui était dans la cuisine)… Son père ripostait, soupirait, puis partait de la maison pour encore plus longtemps qu’avant.
Plus les enfants comprenaient que leur mère n’allait pas bien mentalement, plus ils tentaient de se libérer de son emprise sur eux. Ils tentaient de raisonner avec elle et/ou de s’enfuir sans qu’elle le sache pour aller jouer dehors ou avec leurs amis. Ni une, ni l’autre des méthodes fonctionna.
Ça ne fit qu’empirer les choses.
Leur mère commença à leur crier qu’ils la détestaient et tentaient de se débarrasser d’elle. Qu’ils étaient des traitres et qu’ils étaient des monstres. Elle les frappait pour les rendre plus obéissants, puis fondait en sanglot en les suppliant de comprendre qu’elle les aimait, qu’elle s’inquiétait pour eux et que tout ce qu’elle faisait était pour leur bien et leur sécurité.
Dans ses plus grosses crises de paranoïa, elle les enfermait dans le sous-sol avec elle. Tous les six dans une même pièce barricadée, sans fenêtre et la lumière fermée pour ‘’ne pas attirer l’attention des assassins/méchants/intrus/criminels, etc.’’. S’ils faisaient trop de bruit, elle les battait; s’ils se plaignaient, elle les battait; s’ils pleuraient, elle les battait. Ils devaient être en silence et attendre.
Attendre pouvait prendre plusieurs jours. Plusieurs jours sans espace personnel, sans interaction, sans toilette et sans nourriture. Ce furent les expériences les plus traumatisantes pour Aridma. Ce fut également extrêmement difficile pour lui, qui est le seul démon de la gourmandise de sa famille. Il était également le plus social. C’était plus difficile pour lui et il tentait souvent de supplier sa mère de le laisser sortir.
Elle le faisait se taire en le frappant.
Lorsqu’il sortait finalement de ce cauchemar, il était affamé et mangeait tout ce qu’il voyait qui était mangeable. Cela incluait l’âme des autres daemons.
Et après une isolation forcée particulièrement longue, cela inclut également la chair et les os d’un autre daemon. Huh. Ça goûtait très bon, il découvrit. Même que c’était merveilleux! Après avoir fait cette découverte, il commença à se laisser manger les cadavres des daemons qu’ils avaient mangé l’âme. Durant cette période difficile de sa vie, manger de la chair de daemons le relaxait étrangement. Il ne le faisait pas souvent (il ne pouvait pas le faire souvent), mais c’était une période de méditation et de calme pour lui.
La mère des enfants Griffin se mit également à les enfermer dans la cave lorsqu’elle craignait qu’ils tentent de s’enfuir. Aridma… Aridma était terrorisé par sa mère. Il ne comprit jamais ce qu’était le problème de sa mère. Il savait simplement qu’elle était sa mère et que techniquement, il devait l’aimer, mais il était confus. Elle le rendait tellement confus… Il était censé l’aimer, mais elle lui criait après, le battait et l’enfermait. Elle ignorait comment il se sentait et le contrôler. Mais elle pleurait également, lui promettait qu’elle l’aimait et le protégeait et que s’il la désobéissait, il était méchant et abusif.
Aridma était misérable. Il tremblait lorsqu’il était près de sa mère, lorsqu’il pensait à elle et lorsqu’on parlait d’elle. Plus le temps passait, moins leur mère les laissait sortir. Moins Aridma voyait des gens. Le plus isolé il était, le plus misérable il était. Il était enfermé dans la même maison que la personne qui le terrorisait le plus au monde. La personne contre qui il était incapable de se défendre. Il avait de moins en moins d’énergie. Il était de plus en plus silencieux.
C’est son grand frère qui sauva Aridma. Lorsqu’Andrean eut 19 ans, il eut un gros argument avec leur mère. Andrean avait toujours été celui qui argumentait le plus avec elle, il était un daemon de l’orgueil tout comme elle. Sa fierté ne prenait pas bien les mots qu’elle leur lançait par la tête. Cet argument, en particulier, était à propos de leur père qui n’était jamais revenu depuis trois ans. C’était un sujet sensible pour tout le monde dans la famille, surtout leur mère, et l’argument devint explosif rapidement. Ils se lancèrent des choses, leur mère tenta de frapper Andrean qui la repoussa violemment et les cries ne faisaient que monter.
Finalement, Andrean réussit à enfermer sa mère dans sa chambre et rassembler ses frères et sœurs rapidement. Il les mena rapidement à l’opposé de la ville et réussit à leur louer un petit appartement temporaire.
Les années qui suivirent étaient floues pour Aridma. Il était en dépression et ses frères et sœurs tentèrent de l’aider tout en s’aidant eux-mêmes. Aucun d’entre eux n’était correct. Ils étaient tous ressortis de l’expérience un peu dérangés. Ils s’aidèrent et devinrent mieux. Ils grandirent, se trouvèrent du travail, Andrean acheta une maison pour mieux les héberger, Lucius fut le premier à aller vivre seul, Isabella réussit même à se marier et commencer sa propre famille avec son mari, Flora alla vivre avec des amies…
Aridma prit le plus de temps à mieux se sentir. Il commença à oublier des choses. Son cerveau effaçait les moments plus traumatiques de son passé. Au début, ses frères et sœurs tentèrent de lui rappeler. Andrean et Isabella disaient qu’il devait accepter ce qui se passait, pas oublier. Lucius lui disait qu’il s’enfuyait de ses problèmes et que c’était l’attitude d’un lâche. Flora… Le bitchait et le jugeait. Aridma détestait lorsqu’ils faisaient cela. Il était très heureux lorsqu’il oubliait et misérable lorsqu’il se souvenait.
Au final, ils le laissèrent faire, même s’ils n’étaient pas d’accord.
Aridma resta avec Andrean jusqu’à 21 ans. Il resta même lorsqu’Andrean trouva une blonde et eut un enfant avec elle. Au final, il aimait ses frères et sœurs, mais n’avait pas la meilleure relation avec eux.
Il trouvait Andrean contrôlant de sa vie, son grand frère le prenait comme une chose brisée qui était sa responsabilité. Cela fatiguait Aridma énormément, même s’il comprenait que c’était simplement parce qu’il s’inquiétait pour lui.
Lucius était souvent en train de le critiquer et de le provoquait. Encore une fois, c’était sa manière de s’inquiéter pour lui, mais Aridma ça énervait Aridma plus qu’autre chose.
Isabella semblait, après avoir eu des enfants, avoir décidé que c’était son devoir de sœur la plus vieille de prendre le rôle d’une bonne mère envers ses frères et sœurs. Elle faisait leur ménage lorsqu’elle visitait chez eux, cuisinait pour eux, s’inquiétait pour eux et leur posait des questions de mère. Comme : « Prends-tu soin de toi? » « C’est quand la dernière fois que tu as mangé? » « Est-ce que tu as trouvé quelqu’un qui t’intéresse récemment? ». Aridma détestait ça.
Flora était folle. Pas comme leur mère, et Aridma remerciaient les dieux à chaque jour pour ça, mais elle était hystérique durant ses mauvais jours et une vraie bitch durant ses bons jours. Elle ne s’inquiétait pas pour lui comme les autres, ce qu’il appréciait, mais il avait toutes les misères du monde à communiquer avec.
Alors à 21 ans, Aridma décida de s’éloigner d’Inferos. Il partit au Niflheim et devint un vagabond.
Ça lui fit terriblement du bien. Il relaxa et retrouva sa personnalité sociale et optimiste. Il retrouva son sourire et pouvait finalement rire librement. Après un an, il se sentit même capable de retourner à Inferos et visiter ses frères et sœurs ainsi que ses nièces et son neveu. Ils se faisaient encore dorloter et étaient encore traités comme quelque chose de fragile par tout le monde, mais il était moins fâché par la chose qu’avant. Il était également devenu le ‘’fun uncle’’ ce qui le remplissait de fierté et d’amour pour ses nièces et son neveu.
C’est ainsi qu’il garda sa vie de vagabond et d’aventures. Il erre le Niflheim à la recherche d’amusement, de gens avec qui discuter et de nourriture. Que ce soient des âmes, de la nourriture humaine ou de la chair humaine ou de daemon, Aridma n’est pas difficile. Il a toujours faim, après tout.