Accrochages en chaîne [ Kimura ]

Le repas venait d’être mangé, la vaisselle était nettoyée et rangée et la porte d’entrée était barrée. À l’extérieur, le ciel était sans nuage et le soleil caressait la peau de la jeune femme de sa douce chaleur. Mérélys leva la lame de son épée vers les cieux et admira la lame effilée alors que la lumière du jour se réfléchissait sur l’arme. Un sourire serein se posa sur ses lèvres. La journée était calme et personne ne se promenait jamais dans les environs, alors elle était tranquille. La solitude était réellement la meilleure compagne du monde. Elle ne te dérangera jamais, ne te trahira jamais, mais reste avec toi jusqu’à ce qu’un imbécile vienne la perturber. Mérélys passait ses journées avec elle et ne le regrettait pas. Oooh qu’elle ne le regrettait pas.

La Déchue avait abandonné ses vêtements trop larges pour enfiler ses élégants habits de combat. Pas qu’elle allait se battre contre des humains ou quoi que ce soit non, si elle faisait ça, elle ne s’attirerait que des ennuis inutiles. Non, la jeune femme allait simplement s’entrainer. Elle n’avait plus ses pouvoirs de Déesse certes, mais elle avait toujours aimé le combat à l’épée et au corps à corps. Cela faisait des années qu’elle s’entrainait en solitaire et ce n’était pas parce qu’elle n’avait plus accès à sa salle de combat dans le monde des Dieux qu’elle allait arrêter du jour au lendemain. Elle se pratiquait toujours assidument, à chaque jour après le dîner. Et aujourd’hui encore, Mérélys engagea un chemin étroit devant sa maison qui débouchait sur un petit espace ouvert mais entouré de vieux arbres qui avaient fait leur temps.

Inspirant les délicieuses odeurs de la nature qui l’entourait, Mérélys dégaina son épée et se plaça devant mannequin en armure qu’elle avait placé là après avoir construit sa maison. Elle se plaça en position de combat, inspira calmement une dernière fois et se mit à attaquer sans pitié le mannequin en face d’elle. Ses gestes étaient fluides, rapides, mais puissants, résultat des années de pratique de l’époque où elle était encore immortelle. Chaque fois qu’elle s’entraînait à l’épée, Mérélys en profitait pour défouler sa rage accumulée. Sa rage contre les Dieux, qui l’ont déchu alors qu’elle ne voulait avoir rien à faire avec leur histoire de guerre et de haine. Sa rage contre les humains, qui l’ont traité comme une moins que rien à son arrivé, même si elle avait été déchue pour les avoir défendues. Sa rage… Sa rage… Contre elle-même pour avoir ignoré son propre conseil et payer les conséquences de sa… De sa… Sa stupidité? Sa désobéissance? Son erreur?

La Déchue n’eut pas le temps de se questionner d’avantage, car elle entendit une branche craquée derrière elle. Elle se retourna rapidement et pointa son épée dans la direction du bruit. Ne sachant pas si ce n’était qu’un animal ou un humain ou même un Dieu, on ne sait jamais, elle lança d’une voix autoritaire :

«Qui va là? Montre-toi, immédiatement!»

L’homme qui se révéla possédait d’intrigants cheveux bleus et des yeux d’un bleus perçants. Immédiatement, Mérélys pouvait voir qu’il avait plus de skills qu’il en a l’air. Elle devrait donc rester sur ses gardes. De plus, un humain n’était jamais en train de rien faire de bien…

-Je ne voulais pas te déranger, mais tes bruits ont résonnés dans toute la forêt, alors j'ai été curieux de voir d'où ça venait.

Mérélys ne dit rien et ne bougea pas d’un poil. Gardant son épée pointée en direction de l’homme. Déjà, il était suspicieux. Qui se dirigeait vers le bruit des combats dans une forêt aussi dangereuse que celle-ci? Définitivement quelqu’un qui sait se battre, au moins. De plus, il n’avait même pas répondu à sa question.

-En fait, je cherchais quelqu'un connaissant bien cette forêt.

À ce commentaire, Mérélys plissa les yeux en suspicion. Plusieurs questions lui montèrent en tête et elle ne voyait pas en quoi elle devrait faire confiance à l’homme. Non seulement il était humains, mais ses instincts lui criaient qu’il égalait problème.

Une brise passa, comme pour apaiser l’hostilité de la déchue. Soupirant, elle baissa son arme et prit une pose plus relaxé, tout en restant vigilante. Elle savait qu’elle se causait bien des problèmes en étant pleine d’hostilité dès qu’elle rencontrait quelqu’un. L’homme n’avait aucune raison de lui mentir et SI il lui mentait, elle serait capable de se défendre. Il le savait sûrement également.

-Qu’est-ce que quelqu’un comme toi fais dans cette forêt de toute façon? Et oui, je connais très bien cette forêt, je vis ici.

Elle lui jeta alors un regard dur.

-Je ne me répèterai pas une autre fois. Qui es-tu?