Une faucheuse. Tadaaaaam.

J’ai une famille assez commune. Une mère, un père et un frère. Mon frère était plus vieux et n’avait pas peur de me remettre à ma place dès qu’il en avait l’occasion. On vivait tous ensemble dans une petite maison à Meridiem Pratum. À ma naissance, j’avais (et j’ai encore et j’aurai toujours) un O sur l’omoplate droite, un signe caractéristique des faucheurs. À mes 7 ans, mes parents m’ont expliqué que ce symbole voulait dire bien des choses, sans trop être plus précis. Mon frère n’avait pas ce symbole… Et je trouvais cela étrange. Étais-je une sorte d’élu ? Ils m’ont aussi expliqué que je ne devais pas en parler à mon frère, ne sachant pas comment il allait réagir. Je gardais donc le secret entre moi et mes parents.

Lorsque je fus plus vieille, aux alentours de 14 ans, mes parents m’expliquèrent clairement ce qu’était un faucheur, ce qu’ils avaient fait pour devenir faucheur et qu’ils voulaient que la tradition se poursuive dans notre famille. Mais moi, tué…? Je ne m’en crois pas capable… Lors d’une journée banale où j’avais 15 ans, mon frère était parti à Centralis Civitatem  pour acheter ce qu’il manquait pour le repas du soir. Mes parents et moi avons donc discuté dans le salon au sujet des faucheurs, profitant de son absence. Ils me disaient qu’ils allaient me trouver un esprit à tuer et me trouver un mari ayant fait de même. Mon destin et mon avenir étaient déjà tracés dans leur tête alors que moi, je ne pouvais pas vraiment les contredire.

Les heures passèrent sans nouvelles de mon frère. Un peu inquiète, je me levai et dis à mes parents que j’allais faire un tour en ville pour le trouver. En sortant du salon, je vis mon frère caché dans un coin, le sac de nourriture non loin de lui et les mains sur les oreilles. Il murmurait à répétition : « Je n’ai rien entendu, tout ceci est faux, ce n’est que mon imagination… ». Lorsqu’il leva la tête et me vit, il laissa échapper un cri et se colla encore plus contre le mur.

Nos parents entendirent le cri et accoururent dans la cuisine. Ma mère s’approcha de lui en lui demandant pourquoi il criait autant. Mon père et moi restions derrière, n’osant pas trop parler ou ajouter quelque chose. Mon frère était clairement triste et en colère. Il regarda droit dans les yeux ma mère en disant : « Pourquoi elle ?! Pourquoi avez vous choisi elle pour votre succession de faucheurs ?! Je suis l’ainé, vous auriez dû prendre moi pas cette… Faible !! ». Ma mère nous regarda quelques instants et retourna ces yeux sur mon frère, tentant de lui expliquer la situation… Mais il ne voulait rien entendre. Sous un élan de colère, il frappa notre mère au visage de toutes ces forces. Elle tomba durement au sol, sa tête se fracassant contre le sol. Mon père accourut vers lui alors que moi, je partis voir ma mère. Elle ouvrit lentement les yeux, me sourit, caressa ma joue doucement et murmura quelques mots. Je n’écoutais plus les bruits aux alentours, ce n’était seulement que les paroles de ma mère qui m’intéressait. Je m’approchai de sa bouche et elle me murmura « Aide… Ton père… ». Je tournai la tête et vis mon père, poignardé en plein cœur et mon frère… Disparu. J’étais en larmes devant cette scène. Ma mère prit ces dernières forces pour me tirer vers elle et me murmurer « Achève… Moi… ». Je la regardai, les yeux grands ouverts. Comment pourrais-je tuer ma mère ?! Celle qui m’a tant appris et aimé…? Mais, je ne voulais la voir souffrir… Alors je l’écoutai. Je ramassai le couteau dans le cœur de mon père, m’excusai en pleurant et murmurai un dernier je t’aime et l’achevai.

J’enterrai mes parents dans la cour arrière après plusieurs heures de pleurage intensif. J’avais juste envie de rester seule. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon frère. Où était-il ? Qu’allait-il faire ? Allait-il vivre avec le souvenir de lui tuant notre père…? Je restai dans la maison, nettoyant le sang en chantant une douce musique pour me changer les idées. Et, d’un coup, je me regardai dans un petit miroir et vis une aura très fine de couleur turquoise autour de moi. J’avais 15 ans à la mort de mes parents et maintenant avec mes 19 ans, j’ai passé par-dessus cela quoique cela reste un sujet sensible.